JUILLET – Oscillum

Oscillum

Les températures montent en juillet, c’est le moment idéal pour profiter des jardins à l’ombre d’un arbre ou d’un parasol. Durant l’antiquité à Mediolanum, on s’abritait sous les portiques qui couraient sur les quatre côtés du jardin des plus belles maisons. Entre les colonnes alignées autour de l’espace vert, des oscilla de marbre étaient suspendus aux poutres.
En 1977, l’équipe dirigée par Louis Maurin, alors président de la Société d’Archéologie de Saintes, exhume un relief de marbre au profil de femme dans une résidence de l’élite santonne. Cette demeure construite au Ier siècle, mais déjà ruinée cent ans plus tard, les archéologues l’appellent « Ma Maison ». Elle est aujourd’hui localisée sous la Résidence des « Petites sœurs des pauvres » et l’école Émile Combe. De l’objet retrouvé au fond d’un puits, subsiste une grande partie du rectangle qui le composait, on reconnaît à l’arrière de la tête le cadre lisse qui le bordait. La pièce entière mesurait un pied romain, soit 29 cm et pouvait peser près de 3kg, elle était suspendue par une chaîne métallique comme en témoigne le trou au-dessus de la coiffure.
Mais à quoi servaient ces plaques de marbre qui oscillaient au gré du vent au-dessus des têtes ? Simplement à décorer… en suivant les codes d’une nouvelle culture.
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Ménade et silène ou masques de la tragédie et de la comédie – Musée du Capitole à Rome

De formes diverses mais souvent sculptés en disques de pierre, ils pouvaient être taillés en lourdes flûtes de Pan ou masques de théâtre. Le monde de Bacchus, divinité du vin et des représentations théâtrales, était un thème à la mode dans l’Empire romain et notre visage de femme, la coiffure prise dans un tissus noué au-dessus du front, est sans doute un masque. Il représente peut-être une ménade, une femme à la danse extatique qui accompagnait en musique le cortège du dieu de l’ivresse.

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Oscillum en terre cuite produit à La Palu – Musée archéologique de Saintes

Comme pour tout oscillum en marbre, au revers de la sculpture exposée à la lumière du jardin, on trouve un décor incisé qui était peint à l’origine pour être bien visible à l’ombre du portique. Là encore le faible relief appartient à l’univers de Bacchus avec un autel enflammé et un masque de silène grimaçant qui semble déjà abîmé par le divin nectar.

Si le marbre d’importation était prisé, des exemplaires en bois ou en céramique agrémentaient les maisons plus modestes, comme le bel oscillum circulaire en argile cuite exposé au musée archéologique de Saintes. Fabriqué en série sur les bords de la Charente* avec un moule imprimant sa forme à la terre locale, les artisans de la Palu diffusaient à travers la cité des images qui circulaient dans le tout le monde méditerranéen. Ici on découvre Vénus à sa toilette entourée de jeunes filles aussi dévêtues, un modèle qui a dû charmer les santons.
Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art
* Atelier de potiers du canal de dérivation à la Palud, actif de 30 à 160, fouillé en 1986 sous la direction de Guy Vienne
Bibliographie :
VERNOU Chr., « Eléments de sculpture Antique », art. in Revue Aquitania, supplément 3, p. 279-290, 1988, Bordeaux.
PAILLER J.M., Deux oscilla trouvés à Toulouse (quartier St Georges), art. In Revue archéologique de Narbonnaise, T. 16, p. 385 -393, 1983.
MAURIN L., ROBIN K., TRANOY L., Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.
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Revers de l’oscillum – Tiré de l’article de Christian VERNOU dans Aquitania supplément n°3