Site archéologique : Les thermes de Saint-Saloine

Écrit par Daniel Dinand

Les bains dans les thermes de Saint-Saloine.

Photogrammétrie thermes v2Le site est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6QXpn. Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer.

Le complexe thermal de Saint-Saloine date environ du milieu du Ier siècle de notre ère et il est probablement contemporain du deuxième aqueduc de Mediolanum. Ses ruines ne nous sont connues que très partiellement, seul le caldarium est visible dans sa totalité. De ce fait, la restitution des autres salles et aires d’activités reste hypothétique. Elle s’appuie sur les résultats des recherches menées sur le site depuis le XIXe siècle et sur la comparaison des vestiges avec ceux d’autres thermes situés dans le monde romain.

Le nom de Saint-Saloine provient d’une petite église, aujourd’hui disparue, construite sur les ruines des thermes. Pour accéder au complexe thermal, on devait emprunter le cardo maximus (1), grande voie cardinale se développant dans une direction sud-nord. En arrivant par le sud, les thermes étaient accessibles après le franchissement d’un probable pont qui enjambait la ravine de Saint-Saloine. Ce lieu a été répertorié à l’époque moderne sous le vocable de « Pont des Romains ».

C. Masse Fig 5 Thermes Saint-Saloine

Représentation de l’église de Saint-Saloine par C. Masse en 1714

Cette rue (cardo maximus) a été bordée par des constructions abritant des échoppes où l’on pouvait se désaltérer, se restaurer, commercer ou profiter des plaisirs de la vie. Le promeneur circulait sur un trottoir abrité par une galerie le protégeant du soleil et des intempéries.

L’un des accès probables aux thermes se faisait par le cardo, à côté d’un bassin lié peut-être à une fontaine dont il ne reste qu’un bassin et un soubassement. Passée la fontaine supposée, on devait accéder aux thermes par la galerie de la palestre (le terrain de sport). Nous pouvons supposer qu’il existait plusieurs de ces accès répartis sur les trois côtés de la palestre.

Le parcours dans les bains

Une fois entrés dans l’enceinte des thermes, on pénétrait dans l’apodyterium (le vestiaire), une salle parfois richement décorée dans laquelle on se déshabillait, on s’enduisait d’huile et on revêtait une tenue appropriée aux différentes activités décrites ci-après. Cette salle dont la présence est connue dans les thermes romains n’est pas actuellement localisée dans ceux de Saint-Saloine. Avant de passer aux bains, on pouvait pratiquer une activité physique dans la palestre, jouer, déambuler dans la galerie bordant la palestre, nouer des contacts commerciaux ou politiques, etc.

thermesStSa bis_001Plan des vestiges des thermes de Saint-Saloine – Relevés et DAO Jean-Louis Hillairet

Après s’être dépensé dans la palestre, on se débarrassait de la poussière accumulée lors des exercices physiques avant d’entrer dans le circuit de la balnéation proprement dite. La première salle à chaleur sèche, le tepidarium à température moyenne, permettait de préparer le corps à supporter des températures plus élevées.

On entrait ensuite dans la salle chaude du laconicum (chaleur sèche) (2), où l’on se débarrasse de la sueur, de l’huile et des impuretés collées à la peau grâce au strigile, un grattoir courbe en fer, bronze ou en ivoire. Dans cette salle nous remarquons deux absides présentes sur le mur sud de la salle, qui pouvaient abriter des vasques ou labrum permettant des ablutions. Un foyer et trois passages d’air communiquant avec le caldarium permettaient de chauffer ce dernier.

Après l’hygiène corporelle, venait la détente. Le caldarium (3), du latin caldus (chaud), terminait le circuit chaud des bains. De forme rectangulaire, cette salle comporte probablement un bassin. Dans une atmosphère chaude et humide, on pouvait se baigner, s’asperger d’eau, s’asseoir ou s’étendre sur des banquettes.
Bâtie du côté sud des thermes, cette salle profitait largement de l’apport de la chaleur naturelle du soleil. Le système de chauffe utilisé était le chauffage par le sol ou hypocauste. Le plancher du caldarium était formé d’une chape de béton, la suspensura (plancher suspendu), reposant sur des piles (ou pilettes) en briques carrées ou rondes au-dessus d’un espace vide destiné à la circulation de l’air chaud. Ce système, complété par des tubes en terre cuite (tubuli) insérés dans les parois faisait remonter l’air chaud provenant de l’hypocauste, chauffant ainsi les murs. Ce sont les fouilles archéologiques et surtout la disposition caractéristique des lieux qui ont permis d’identifier cette salle. Certains auteurs estiment que la température pouvait atteindre 50 à 55°C. On sait que les Romains devaient chausser des sandales à semelle de bois pour circuler dans un caldarium sans se brûler la plante des pieds.

En examinant les parois des vestiges, nous remarquons la forte dissymétrie des aménagements. En effet le mur nord comporte quatre absides, dont deux petites à chaque extrémité du mur. Ces deux éléments sont doublés par deux absides d’un plus grand diamètre. Le mur sud quant à lui ne comporte à ses extrémités que deux absides. Cette disposition permet de supposer la présence d’une grande baie vitrée, à moins que ce ne soit deux grandes fenêtres, ouvertes dans ce mur sud apportant lumière et chaleur du soleil.

L’alimentation en air chaud du caldarium est située sur le mur ouest : le praefurnium est le foyer producteur de l’air chaud circulant dans l’hypocauste et les tubuli des murs. Une chaudière était présente dans un local contigu au foyer et servait à l’alimentation en eau chaude des bains. Dans un local attenant au mur est du caldarium, une salle contenant un foyer a été mise en évidence lors de fouilles réalisée au niveau de ce mur (zone actuellement occupée par le tombeau des époux Morand).

Dans la partie est du laconicum, on remarque un assemblage de constructions liées aux thermes. Une galerie, forme la limite nord d’une aire découverte dont nous ne connaissons pas l’usage. Cette galerie communique avec une salle dont la partie nord-ouest est occupée par un praefurnium destiné à chauffer ce qui était peut-être le laconicum. Les eaux de pluies s’écoulant du toit de la galerie étaient recueillies par un caniveau (4) toujours visible.

La façade du caldarium (5)

La façade sud des thermes est le vestige le plus imposant et le mieux conservé des thermes Saint-Saloine. Longue d’environ 23 mètres, elle est ornée de 5 absides avec une alternance de formes circulaires, dites en cul de four, puis rectangulaires, séparées par des pilastres.

Thermes Saint-Saloine

Le peu d’éléments restant ne permet pas de donner avec certitude une signification architecturale à ces constructions si ce n’est le rôle de conforter le mur sud de la poussée des remblais attenants (même disposition pour le podium du temple de Montelu à Chassenon, par exemple). On a émis l’hypothèse de l’existence d’une fontaine monumentale au pied de cette masse ajourée. Cependant de nombreux détails architecturaux (absence d’alimentation et d’écoulement des eaux, d’ancrages des murs d’un bassin dans les parements apparents) remettent en question cette hypothèse flatteuse.

La sortie des bains

Après le caldarium, détendus et propres, on repassait par le laconicum puis le tepidarium. On pouvait ainsi sortir des bains après être repassés dans le vestiaire. Mais si on le souhaitait, au sortir du tepidarium, on pouvait entrer dans le frigidarium, la salle froide, dans laquelle on pouvait s’immerger dans un bassin d’eau froide (ou piscina), dans le but de raffermir les muscles et la peau détendus par les bains chauds précédents. On repassait par l’apodyterium et sortait sous la galerie du cardo.

Les toilettes publiques

Très vraisemblablement situées au sud des thermes, elles réutilisaient les eaux circulant dans l’égout (6) drainant les thermes, de la palestre au frigidarium jusqu’à la limite sud des bains. Ce conduit récoltait également les eaux pluviales de la toiture de la galerie située à l’est du laconicum. D’une capacité de 37 personnes, elles sont situées non loin d’un imposant massif de maçonneries en forme d’abside (serait ce la base du pont?) que nous pouvons encore voir sous la végétation.

L’alimentation en eau

Les thermes étaient alimentés en eau par une conduite reliée au castellum (le château d’eau de l’époque) recevant et répartissant l’eau de l’aqueduc. Les plus récentes observations font supposer l’arriver de cette conduite au sud-ouest des thermes au niveau de la chaudière qui jouxte le praefurnium et chauffe le caldarium.

Le tombeau de la famille MORAND (7)

Après abandon, le site est devenu une nécropole, dont proviennent les sarcophages réutilisés des époux Morand. Construite en 1895 et surmontée par une statue représentant le Temps, cette sépulture s’appuie sur le mur est du caldarium. Elle renferme deux sarcophages contenant les dépouilles des époux Morand, anciens propriétaires des terrains sur lesquels sont édifiés les thermes.

Daniel DINAND

Le site des thermes est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6QXpn.

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